Barrick redémarre sa mine d’or au Mali après neuf mois de crise
- davidbriand2
- 23 oct.
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Après plus de neuf mois d’arrêt, les opérations ont repris au gigantesque complexe aurifère Loulo-Gounkoto, l’un des plus importants actifs de Barrick Mining Corporation au Mali. Cette relance marque une nouvelle étape dans un différend qui opposait depuis janvier 2025 la compagnie canadienne au gouvernement malien.
Une suspension aux causes politiques et économiques
En janvier 2025, le gouvernement de transition malien avait bloqué les exportations d’or, saisi plusieurs tonnes de métal et arrêté des cadres de Barrick, accusés de fraude fiscale, blanchiment d’argent et financement du terrorisme – des accusations que la société a toujours niées. Face à ces tensions, Barrick avait fermé temporairement le site, stoppant une production annuelle d’environ 723 000 onces.
En juin, la crise a atteint son point culminant : un tribunal de Bamako a placé la mine sous administration provisoire pour six mois et nommé Soumana Makadji, ancien ministre de la Santé, comme gestionnaire du complexe. Selon le ministre malien des Mines, Amadou Keita, cette équipe intérimaire avait pour mission de « redémarrer la production, payer les salaires et contribuer à l’économie nationale ».
Reprise progressive des activités
Selon plusieurs sources proches du dossier, les opérations ont redémarré à la mi-octobre 2025, après un accord visant à reprendre les paiements des sous-traitants, suspendus depuis l’arrêt des activités. Parmi eux figurent Maxam Corp., Sandvik Group et Etasi & Co. Drilling, essentiels aux opérations de forage et de dynamitage du site.
Malgré cette reprise, Barrick n’a pas encore commenté officiellement la situation. L’entreprise, qui a engagé une procédure d’arbitrage international contre le Mali au début de l’année, maintient qu’elle ne doit aucun impôt arriéré et que ses filiales locales sont protégées par des conventions minières contraignantes.
Un enjeu majeur pour le Mali et Barrick
Le complexe Loulo-Gounkoto, situé à l’ouest du pays près de la frontière sénégalaise, est un pilier de l’économie malienne : il génère des milliers d’emplois directs et indirects et constitue une part importante des recettes d’exportation. Pour le Mali, la reprise est un signal politique fort, montrant la capacité du pays à maintenir la production malgré les tensions avec les multinationales.
Pour Barrick, en revanche, la crise a eu un coût considérable. La société n’a pas pu bénéficier de la hausse record de 60 % du prix de l’or en 2025, ce qui a réduit son potentiel de profit et pesé sur sa production mondiale.
Un conflit encore loin d’être réglé
Si la production a repris, le litige judiciaire demeure. Barrick réclame toujours des explications sur le sort d’une tonne d’or emportée par des agents de l’État après la saisie du site. Par ailleurs, la société continue de plaider pour la libération de quatre employés détenus depuis novembre 2024.
Ce redémarrage pourrait donc n’être qu’une accalmie temporaire dans une confrontation plus large entre le Mali et les grands groupes miniers étrangers. D’autres compagnies, comme B2Gold et Allied Gold, ont récemment choisi la voie de la négociation directe avec Bamako pour apaiser leurs différends.



